C’est nouveau, donc forcement mieux. A lire et voir les médias, ont pourrait se dire que les qualités intrinsèques du CLOUD en ont dores et déjà fait la solution phare du marché. Concrètement, ce secteur a encore beaucoup de mal à percer dans nos entreprises.

C’est donc bel et bien d’un battage médiatique plus que d’une vraie mutation qu’il s’agit aujourd’hui, mais il est vrai que les médias ont une solide expérience en terme de prophétie auto-réalisatrice !

Une mise au clair s’impose donc et tant qu’à aborder une problématique délicate, c’est à dire le stockage de données confidentielles et vitales des entreprises, voici une vidéo qui a le mérite d’aborder la sécurité informatique de manière très large, de traiter comment celle-ci est gérée en France, comme des conséquences pratiques pour les particuliers et les entreprises.

L’une des informations données mérite d’être soulignée ici : en Europe une société qui traite des données privées n’est pas propriétaire de ces données. Il n’en va pas de même pour les sociétés américaines ! En effet, selon le droit US, toute donnée même privée et confidentielle appartient à l’entreprise qui la traite

Bref, une vidéo à voir et à faire voir !

 

Parlons maintenant un peu plus de l’IaaS.

Cloud, stockage et capacité de calcul : l’IaaS (Infrastructure as a Service).

De gros applicatifs qui doivent être consultables de partout dans le monde, voici la problématique généralement traitée par ce genre de solution. Aujourd’hui les 2 leaders mondiaux sont les sociétés américaines Amazon et Google. Ces deux sociétés sont de fait plus que des leaders mondiaux, mais les seuls acteurs qui peuvent assurer une présence de datacenters partout dans le monde. L’infrastructure à mettre en place pour un tel réseau international est en effet colossale.
Ceci dit si l’on considère qu’il faut une consommation en calcul considérable ET la nécessité que ce calcul soit délivré partout dans le monde pour que cette solution soit vraiment intéressante, cela réduit drastiquement le nombre d’entreprises réellement candidates !

Sauf si…

Sauf si ce genre de solution est également proposée pour l’hébergement d’applicatifs traditionnellement hébergés sur des serveurs internes de l’entreprise ou auprès d’hébergeurs classiques français (chez qui vos données restent votre propriété!).

Si vous lisez les articles des grands sites spécialisés sur les solutions cloud, vous aurez droit à une bonne dose de « pratiques archaïques versus pratiques modernes et innovantes« . Oui mais, dans les faits, si on exclue le paradigme d’un progrès intrinsèquement positif, que reste-t-il ?

– Le Cloud est représenté comme une économie d’échelle : votre SI n’est pas la seule a avoir des besoins en ressource machine, la mutualisation de ces besoins avec d’autres SI fera baisser les coûts.

C’est perdre de vue une réalité de la vie économique : on achète ce qui est nécessaire et amortissable, on loue ce qui est hors de prix ou difficilement amortissable. Le cloud de fait ne pratique pas ce genre de considération en faisant table rase des ressources informatiques de l’entreprise.

Autrement dit, avec le Cloud vous devez supprimer toutes les synergies qui ont permis de construire votre SI, de profiter d’effet d’échelle, d’investir dans des structures amortissables… pour y subtituer des locations de services qui sont autant de charges (au moins il est possible de récupérer la TVA!). Adieu les services développés et amortis ou en passe de l’être comme la comptabilité, l’intranet, la messagerie, qui se retrouvent de fait payant à vie.

– Le cloud est représenté comme un boost de puissance de calcul. Les serveurs constituant le cloud mutualisant leur ressource hardware.

A l’origine les PCs ont été inventés et optimisés pour déporter la puissance de calcul et supprimer les goulots d’étranglements réseaux vers les serveurs. En effet tout Cloud nécessite un accès distant, ce qui rend la qualité de la bande passante déterminante, alors même que la puissance de calcul progresse beaucoup plus vite que la bande passante. Aujourd’hui, les applicatifs d’entreprise nécessitant plus qu’une machine unique standard (par exemple un dual core 3,1GHz avec 4go de ram) sont les exceptions et non la règle. Pour peu que le nombre de postes de l’entreprise ayant accès au réseau dépasse la vingtaine par contre, la bande passante peut devenir déplorable pour un simple chargement de page.

cloud sous surveillance

Enfin et surtout, il y a le gros problème de la confidentialité, car le marché du cloud est trusté par les US (cf « L’Europe dépendante des géants américains du Web« ) et même si 99,999% des informations de votre entreprise n’intéressent personne, les 0,001 qui font la différence se vendront très chères. Ceci dit elles ne vous appartiendront plus, vous ne saurez même plus où elles se trouvent ou si elles ont été partagées.

En bref le Cloud est une solution idéale pour applicatifs nécessitant une importante puissance de calcul et une haute disponibilité mondiale. En dehors de ce schéma et à la vue des objections légitimes que l’on peut lever, le marché du cloud à destination des PME françaises semble plus être un rassemblement de marchands de tapis pressés de créer de nouveaux besoins.

Et quand on réfléchit aux enjeux stratégiques, il est également possible de se demander à qui cet engouement de nos médias français à propos de l’IaaS « maintenant tout de suite » profite, alors que la France est cruellement démunie dans ce secteur.

Mise à jour : le JdN vient de mettre en exergue une opération d’intox basée sur des articles de faux contributeurs soit disant spécialistes. Pas étonnant de trouver parmi ceux-ci l’avis éclairé d’un « doctorant-chercheur » qui fait le panégyrique du CLOUD, au cas où le bon peuple aurait encore des doutes sur son bien fondé !