Qui aurait imaginé un jour que notre dictionnaire soit une telle mine d’or ?

Début de la bulle Internet : le nombre de sites web explose, le cybersquatting aussi ! C’est l’époque « far west » ou de grandes marques se voient couper l’herbe sous le pied par des petits malins qui achètent leur nom de marques et produits en jouant sur les divers LTD alors disponibles : .com, .net, .org…

Rapidement les « stratèges » anti-cybersquating préconisent de ratisser large : acheter son nom de domaine avec toutes les extensions génériques, avec les tirets et sans les tirets, avec les fautes de frappe…

Puis arrivent les problématiques liées au référencement sur les moteurs de recherche : un mot clé unique en nom de domaine sur le marché propre à l’entreprise est un gros plus pour la visibilité du site dans les résultats des moteurs de recherche. Arrivent ensuite les « exemplesproduits-pas-chers.ltd ». En bref, tous les mots du dictionnaire y passent ! De quoi alimenter l’ICANN d’une si fantastique manne qu’il ne peut que continuer sur la même lancée.

La manœuvre la plus certainement scandaleuse de l’ICANN sera le délais de paiement de 60 jours accordés à certains prestataires (spammeurs) avec une période de remboursement de 10 jours. Ceux-ci peuvent donc acheter des centaines de milliers de noms de domaines tombant dans le domaine publique, afficher leurs liens sponsorisés pourris dessus, et renoncer à l’achat ferme une fois la période de remboursement arrivée à expiration. Le calcul pour les spammeurs est facile à faire : si le nom de domaine a fait gagner suffisamment de revenus pendant cette période pour payer son achat, il est gardé. Sinon il est remis dans le domaine publique. Pour l’ICANN c’est la garantie d’un recyclage permanent, et tant pis pour les internautes.

Récemment, nous avons eu le droit aux noms de domaines accentués, dont la valeur ajoutée pour l’entreprise est quasi nulle (mais « n’oubliez pas de protéger votre marque, achetez les déclinaisons avec accent! »), et maintenant les extensions à volonté sont « enfin » annoncées comme effective : .law, .bank, .doctor, .music, .adult… lâchez-vous !

Certes à 185000$ la création du nouveau suffixe, il va être un peu coûteux de créer .moncul. C’est pourquoi l’ICANN justifie ce coût astronomique (l’Icann a déjà engrangé plus de 352 millions de dollars en frais de dossier) en garantissant pour le créateur la possibilité de percevoir des commissions annuelles des sociétés proposant l’extension dont il est le propriétaire.

Bref, un système ou tout le monde se sucre au passage, sauf bien sûr l’acheteur en fin de chaîne. Lui est là pour débourser son argent afin de se garantir du danger de cyberquatting et typosquatting amené par chaque nouvelle extention créée.

Tout un écosystème…

Pour connaître les 1930 demandes de LTD reçues à ce jour par l’ICANN.